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Carnets de voyage

Découvrir la réalité scolaire haïtienne

Les quatre stagiaires en compagnie des jeunes filles du Collège Régina Assumpta.
Les quatre stagiaires en compagnie des jeunes filles du Collège Régina Assumpta.

21 février 2008

Joséane Bédard, Olivier Corbeil, Annie Jodoin et Claudia Turgeon en sont présentement à leur 3année d'études au baccalauréat en enseignement au secondaire à la Faculté d'éducation. Ils se sont rendus en Haïti du 10 novembre au 22 décembre pour diversifier leur bagage d'expérience.

Rares sont les bonnes nouvelles qui arrivent d'Haïti. Pauvreté, catastrophes humanitaires et écologiques ainsi que violence civile sont les grands thèmes véhiculés dans les médias. À l'idée d'aller vivre cette expérience de stage de six semaines, nous ne savions donc pas à quoi nous attendre.

Dès notre arrivée à Port-au-Prince, notre position de minorité visible fut un changement radical. Des rues bondées, une ville dans le noir et des routes en décrépitude furent également des réalités qui nous sautèrent aux yeux. Toutefois, dès le lendemain, nous avons pu avoir une autre impression. À notre arrivée à Cap-Haïtien, nous avons été accueillis chaleureusement à l'aéroport. Il y avait notre superviseur de même que des membres de notre école de stage qui nous ont fait sentir plus à l'aise dans ce nouveau milieu.

Notre superviseur s'est empressé de nous faire découvrir la ville. À bord d'un vieux véhicule, nous avons circulé dans les rues étroites envahies par les commerçants, les écoliers et les indigents. Ces rues exposent une quantité de déchets et de biens laissés à l'abandon, à travers lesquels déambulent des animaux errants. Seule la cathédrale ressort par sa propreté et sa richesse, montrant toute l'importance accordée à la religion en Haïti.

À la suite de ce premier contact avec Cap-Haïtien, nous savions que nous allions être confrontés à une réalité scolaire complètement différente de la réalité québécoise. Néanmoins, nous avions le privilège d'enseigner au Collège Régina Assumpta, école secondaire privée pour jeunes filles administrée par les Sœurs de Sainte-Croix. Ordre, discipline et valeurs religieuses étaient donc au cœur du projet éducatif. Dès notre première rencontre avec nos enseignants associés, nous avons constaté qu'ils n'avaient pas du tout les mêmes méthodes que nous. Une grande adaptation de notre part allait donc être nécessaire. Entre autres, nous avons pu apprécier l'immense défi de leur tâche puisque ces derniers devaient enseigner entre six et neuf heures par jour dans plusieurs écoles différentes. Devant la lourdeur de leur tâche, ils se sont montrés très ouverts à nous laisser prendre en charge leur classe et à nous laisser expérimenter d'autres approches pédagogiques auprès des élèves.

Après trois semaines à Régina Assumpta, nous avons eu le sentiment que notre présence a été appréciée autant par les élèves que par les enseignants. Ces derniers ont démontré de l'enthousiasme devant des méthodes qu'ils n'avaient jamais considérées. Nous nous sommes ouverts à leurs approches afin de nous adapter à notre clientèle. Ce rapprochement entre les deux cultures a donc été profitable aux deux parties.

Notre séjour à Cap-Haïtien comprenait ensuite trois semaines à l'orphelinat de Madeline. La clientèle qui nous y attendait était fort différente de celle de Régina Assumpta puisque ces enfants avaient vécu de lourdes pertes en bas âge. Des problèmes affectifs et scolaires découlaient des événements qu'ils avaient dû traverser. Notre mandat consistait à aider ces jeunes avec leurs devoirs avant de s'adonner à une période de jeux. Lors de la première journée, le manque d'organisation nous a laissés devant un nouveau défi. Nous avons dû structurer nos interventions plus clairement et en concertation étroite avec les sœurs responsables de l'orphelinat. Bien que court et parsemé d'embûches, notre passage a été grandement apprécié par les enfants, qui nous l'ont bien fait sentir. Cette expérience nous a également ouvert les yeux quant à la situation précaire dans laquelle certaines personnes se retrouvent dès leur plus jeune âge.

Enfin, nous avons été heureux de voir que la communauté internationale ne semble pas avoir délaissé Haïti. Les nombreux projets canadiens et les forces de maintien de la paix de l'ONU qui sont omniprésents sont des exemples d'aide internationale essentielle. De plus, les communautés religieuses s'impliquent beaucoup dans les écoles et dans des cliniques facilement accessibles aux gens.